Combien pour la gazelle?
Nous visitions la médina de Marrakech. Nous avons été pris en chasse par un supposé artisan qui nous indique la direction à suivre pour rejoindre le quartier des tanneurs. Nous flairons l’arnaque mais nous nous laissons tout de même guider : prendre à droite, prendre à gauche, continuer tour droit, c’est pas très loin et le guide disparaît. Nous progressons dans un dédale de ruelles. Un autre soi-disant guide surgit : prendre la droite, continuer tout droit, tourner à gauche.
Le guide s’efface. Vingt minutes plus tard, avec le sentiment d’avoir traversé la médina, nous devenons inquiets. Un autre bon samaritain nous conduit au quide officiel du souk des tanneurs. Nous y voilà enfin. On nous remet dans un premier temps un important bouquet de feuilles de menthe afin d’atténuer les odeurs des bains de nettoyage et de traitement des peaux de chameaux, bains de fientes de pigeons pour assouplir les peaux et fleurs de mimosa pour la coloration. Nous circulons : voir travailler les hommes dans ces bains sales, pieds nus dans des décoctions infectes et puantes s’approche d’une image d’enfer. Nous en avons la nausée et insistons pour quitter rapidement. On veut nous retenir pour nous montrer le produit fini. Et nous voilà, sans trop le savoir, dans un magasin de produits d’artisanat, face à un vrai vendeur de tapis, berbère, le vendeur et aussi les tapis.
Il nous invite à entrer dans la boutique juste pour voir, juste pour voir. D’abord le thé à la menthe suivi de la parade des tapis. Certains nous plaisent. Le poisson est accroché. La négociation commence.
Dans une démarche de diversion, Alain s’enquiert de la valeur de la belle femme à ses côtés…en nombre de chameaux… Le berbère scrute très sérieusement la marchandise d’un œil avisé et se montre intéressé même très intéressé : Pour la gazelle, dit-il, 12,500 chameaux en insistant pour dire que c’était une offre de départ.
Marie est éberluée. Elle se met à poser des questions sur les conditions après achat : elle sera la troisième gazelle, pas de retraite pour les gazelles et beaucoup de travail assuré à vie dans le filage des tapis et quelques autres corvées de ménage. Elle pâlit et se tait. En philosophe, Alain demande à réfléchir à la proposition. Il en rajoute tout de même et fait valoir les qualités du produit : beaux yeux verts, poitrine généreuse …Le berbère, sans demander à voir les dents de la promise, est toujours ouvert à négocier.
12,500 chameaux pour la gazelle…dans un contexte de placements en bourses qui fondent comme neige au soleil…Quand même !
P.S. Le gazou est tout de même sorti du magasin avec un beau tapis berbère à très bon prix et avec … une gazelle profondément inquiète…
Alain et Marie
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