Les femmes voilées, le cellulaire, l’âne, l’antenne parabolique et l’appel à la prière…
Les femmes voilées, le
cellulaire, l’âne, l’antenne parabolique et l’appel à la prière…
Notre passage de l’Andalousie au Maroc marque la seconde étape de notre voyage. Une autre culture, un autre rythme de vie et de nouvelles façons de faire et de voir. Nous passons en Afrique du nord et je le réalise.
La première ville qui me sert de référence : Tanger. C’est une ville portuaire, industrielle et impersonnelle. Nous sommes logés dans une magnifique maison d’hôtes, en-dehors de la vieille ville (médina). Elle est tenue par un jeune couple, parents de deux jeunes enfants de 5 ans et 3 mois. Les français et les belges qui y logent en même temps que nous sont très intéressants. Deux sont originaires du Maroc et reviennent annuellement au pays. Nous avons d’intéressants échanges.
Au premier contact, le Maroc m’apparaît très déstabilisant: religion omniprésente, pauvreté, salubrité précaire, délabrement auquel s’ajoutent beaucoup de désoeuvrement (présence de nombreux piliers de café, mâles, buveurs de thé à la menthe, des heures durant et ce sans avoir l’âge de la retraite) et bien évidemment, la situation des femmes musulmanes prend pour moi une grande importance. J’ai de la difficulté à intégrer ce que j’observe. On me confirme ici que dès l’âge de 13 ans, les jeunes filles doivent aborder leur avenir en fonction d’un mariage éminent ou de la poursuite de leurs études. Le choix est souvent orienté par le père qui détermine en grande partie la suite des choses. Le mariage, surtout en campagne, peut avoir lieu dès l’âge de 18 ans. J’ai de la misère avec ça….
Les jeunes filles et les femmes enveloppées, voilées et cachées dans la djellaba m’obsèdent et me font pitié. Les djellabas sont généralement ternes, taillées dans des tissus épais et lourds. Elles ont la forme d’une poche…sont sales et moches. Il faut dire que dans les villes nouvelles de Fès, Mekhnès, Rabat et Marrakech, la situation est moins prégnante. Le vêtement européen est d’usage plus fréquent. Le port du voile demeure cependant constant particulièrement pour la femme mariée.
Pendant mon séjour, j’ai lu un très bon roman poétique de Tahar Ben Jaloum, détenteur du prix Goncourt en 1987 : L’enfant de sable. J’en cite ici un extrait. Ce passage m’a beaucoup touché parce qu’il témoigne du type de question que j’aurais aimé poser :
- Que caches-tu sous ta djellaba, un homme ou une femme, un enfant ou un
vieillard, une colombe ou une araignée ?
- Tu sais bien qui je suis alors laisse moi passer
- Ce que je sais n’importe peu ! Mais je veux t’entendre te prononcer sur qui
tu es vraiment. Je ne veux pas de nom, je désire l’invisible ce que tu caches,
ce que tu emprisonnes dans ta cache thoracique.
- Je ne le sais pas moi-même. Je sors à peine d’un long labyrinthe ou chaque interrogation fût une brûlure. J’ai le corps labouré de cicatrices et pourtant c’est un corps jeune, j’émerge à peine de l’ombre.
- L’ombre ou l’obscurité des ténèbres ?
- La solitude, le silence, l’affreux miroir
- Tu veux dire la passion ?
- Hélas oui, la passion de soi dans l’épaisse et pesante solitude.
Mon immersion au Maroc m’a donc, comme vous l’avez deviné, chamboulée. Pour apprécier et jeter un regard clair sur différentes situations et apprécier l’ensemble, il fallait dépersonnaliser et mettre en contexte mais je référais rapidement à des modèles aseptisés qui fragilisaient mon jugement.
Soyez rassurés. Le temps a fait son œuvre. Nous avons fait des expériences formidables et vécu des moments uniques. J’ai eu entres autre l’occasion de me rendre dans le hammam populaire du quartier avec ma voisine de palier Raja. Adieu la bourgeoisie… Étendue sur un terrazo brûlant, je me suis fait laver comme un enfant. Je me suis fait varloper au gant de crins… bonjour les rougeurs. J’ai pendant 90 minutes été savonnée par une de ces femmes rencontrée dans le quartier, presque nue, le sexe caché par un petit slip roulé sur ses hanches et qui avait un beau et grand sourire complice devant mes réactions de surprise. Je n’en revenais tout simplement pas, J’étais charmée et sous le choc. Se croisaient dans ce hammam, des mères et des enfants, des épouses, des voisines en quête de quiétude et de bien-être. Il y régnait un climat de partage et une chaleur humaine difficile è décrire. Ce fut je crois un point tournant de mon séjour au Maroc,
Notre passage en sol marocain constitue un beau moment de notre voyage. Nous avons pris contact avec une culture et des êtres différents ou (pas encore trouvé l’accent) cohabitent au quotidien l’âne, le cellulaire, l’antenne parabolique et l’appel à la prière du muezzin. Plusieurs d’entre vous auraient pris grand plaisir à arpenter les souks, découvrir le ou les mystère (s) s’y rattachant. En avons profité au maximum et y avons pris beaucoup de plaisir. À la prochaine
Marie
27 octobre 2008
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