Ma première visite au Hammam
Ma première visite au Hammam
Je ne pouvais pas venir au Maroc sans faire l'expérience du Hammam. Souvent évoqués dans les romans qu'on lit en Occident, les hammams ont une aura certaine d'exotisme pour les chrétiens qui ont longtemps carburé au jansénisme et au déni du corps.
Nos hotes fassis (de Fès) ont un fils de 16 ans qui a accepté de m'accompagner pour cette première expérience.
Nous avions le choix entre le hammam bourgeois et l'autre, le populaire. Nous avons choisi ce dernier.
Said m'avait dit de n'apporter qu'un slip de rechange, des sandales et une serviette. On prend un petit taxi et on se rend dans un quartier un peu éloigné. L'entrée du hammam donne sur une petite rue et ne paie pas de mine. On paye 10 dirhams à l'entrée. Une première salle fait office de vestiaire. Quelques bans et quelques crochets. J'observe Said et l'imite. Il enlève son gilet et retire son pantalon mais conserve son slip. Nous passons dans une première salle de 20 pieds carrés. Le plancher est en céramique blanche, les murs sont blancs. Il fait chaud. Sentiment qu'on entre dans un sauna. Une deuxième salle à gauche de meme dimension, beaucoup plus chaude et des dizaines de sceaux en plastique.
Said remplit deux sceaux d'eau très chaude et les renverse dans un coin de la salle-sauna comme pour le nettoyer. Il m'invite ensuite à m'assoir par terre et à se laisser suer. Rapidement le corps ruisselle.
Après une une dizaine de minutes, deux marocains amaigris en slip bruns surgissent en nous faisant signe de les suivre dans la première salle.
Un des masseurs m'invite à m'étendre sur le dos à meme la dalle.
Je m'exécute. Il saisit un gant de crin assez rudimentaire et se met à me frotter vigoureusement. Le torse, les bras, les jambes. Il me fait signe de me retourner sur le ventre. La laine d'acier reprend à qui mieux mieux. Ensuite, il saisit un petit contenant de plastique qu'il plonge dans un sceau d'eau très chaude et m'asperge partout. Je devine qu'il enlève les peaux mortes qu'il a si vigoureusement soulevées.
Il saisit ensuite une serviette éponge avec un savon foncé comme de la melasse. Tu as l'impression de te faire laver comme un bébé. Le masseur te vide quelques sceaux d'eau sur le corps et la tete. Il ajoute à ce lavage quelques étirements des jambes et des bras en poussant avec ses pieds. Nous avons aussi droit au champoing. Nouvelle douche au sceau.
Les masseurs-laveurs se retirent. Tu comprends que c'est fini. J'observe à la dérobée un père et son fils de 14 ans qui se laisse frotter et laver comme un jeune enfant. Attachant.
Retour au petit vestiaire. Said me fait comprendre qu'on change de slip à l'aide d'une servtiette autour de la taille. On se repose quelques minutes. On donne 20 dirhams aux masseurs. Nous voici dans la rue. Said suggère d'acheter une petite bouteille d'eau pour se rafraichir. Des marocains sont sur la place. Je me demande ce qui leur passe par la tete de voir cet adolescent avec un sexagénaire visiblement étranger sortir du hamman. Mais le sentiment de bien-etre et de relaxation l'emporte sur ces préoccupations sociologiques. Content d'avoir eu la chance de vivre une pratique culturelle très répandue au Maroc dans un vrai hammam.
Fès, le 14 octobre 2008, Alain
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