Migration -UBI BENE IBI PATRIA (là où je suis bien, là est ma patrie)

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Un voyage imprévu !


Un voyage imprévu !


Le soleil se lève à peine sur Saigon. Mes consoeurs et moi sommes dans sur le qui vive, comme c’est toujours le cas lors des journées de Transit.  Dans  cette circonstance, nos 4 voyageurs  s’affairent, avant le petit déjeuner, à ranger minutieusement leurs  effets personnels et ce, selon un rythme  précis, afin de ne rien oublier. À ce que nous avons entendu ce matin. nous  partons pour une excursion de six jours à travers le Delta du Mékong.  Nous passerons du Vietnam au Cambodge. Ce sont donc nos derniers moments au Vietnam puisque les visas expirent demain le 21 novembre. Le départ est prévu vers 8h30 et il est donc hors de question d’oublier quoi que ce soit.

 

Dès la sortie de l’ascenseur, je réalise  que plusieurs touristes transitent ce matin. Le hall de l’hôtel fourmille. C’est  le brouhaha général des matins de transit durant lequel nous saisissons l’occasion à notre portée pour observer nos consoeurs de différents pays.  Ce matin, nous sommes toutes les quatre gentiment déposées tout près d’un contingent de valises malaises. Différences notoires culturelles de langue, de couleurs et de formes. Ça bouge vite, l’espace est restreint et je sens qu’on envahi facilement notre bulle.

 

Les guides des différentes agences touristiques se succèdent promptement  et les valises passent allègrement entre les mains des porteurs qui les déposent dans les différents cars. C’est dans ce méli-mélo d’activisme que je sens qu’on m’empoigne vigoureusement  me séparant sans ménagement de  mes trois autres comparses.  Que se passe-t-il ? Je suis terrifiée. Je me retrouve à mon très grand désarroi dans une famille élargie d’une vingtaine de petites, grandes et moyennes  valises malaises. Je suis subitement prise d’une énorme nausée. Que font donc Alain et Marie, Denis et Denise ? Je tente d’attirer leur attention en jouant des roulettes. Peine perdue. Dans le tumulte et l’agitation, je n’obtiens aucun succès. J’entends à répétition…Dalat, Dalat, Dalat. Je suis atterrée, pour moi bien sûr, mais aussi pour ceux et celles qui me laissent ainsi filer vers d’autres horizons. 

 

Le car démarre et quitte Saigon. Je me renfrogne en gémissant sur mon sort. Je regarde par la fenêtre défiler les rues et les artères. Je suis définitivement en route vers cette ville d’où je reviens à peine. Je tente de provoquer  une émeute en simulant une colère bien québécoise. Rien à faire. Les esprits sont ailleurs. Tout à coup…Le car s’immobilise. Le conducteur ouvre la portière arrière et procède à une vérification minutieuse sous l’œil et l’oreille attentive de chacune d’entre-nous. Il scrute avec attention, vérifie les étiquettes avec une certaine fureur. Il me remarque enfin, suscitant du même coup l’intérêt des autres passagères de l’habitacle. Ce sont des ha et des ho malais  qui fusent  de toutes parts. Je  ne comprend rien à ce qui se dit mais je devine qu’on  a dénoué l’énigme et que je devrais retrouver sous peu ma  famille québécoise.

 

Avec une  fierté toute  nationaliste…je  décide  de  tirer partie de la situation. Nous reprenons la route vers Dalat. Timidement,  je propose de tenir le rôle de guide auprès de mes nouvelles amies durant  le trajet Ho Chi Ming – Dalat, que je ferai en sens inverse. Ma proposition est bien reçue. Me voila rapidement intégrée à l’équipe et à ma grande surrise,  mon anglais répond tout à fait  aux attentes.     

 

La traversée des hauts plateaux du centre est longue mais combien magnifique : montagnes ponctuée de cours d’eau, de lacs, et de cascades. Il est quand même intéressant pour une valise de traverser pour une seconde fois ces parcelles de forêts entrecoupées de champs fleuris d’hévéas, de vignes, de vergers et de cafiers. Je réalse qu'en car comme en bus, l’arrivée à Dalat est saisissante. Mes maîtres l’ont souvent répété : cette ville diffère totalement des autres villes du Vietnam. On se croirait dans les Alpes françaises. Une véritable ville européenne où se croisent des locaux, des bohêmes et des artistes. Le lac intérieur Xang Huong en forme de croissant tient son nom d’une poétesse vietnamienne du XV11  siècle reconnue pour ses attaques virulentes contre l’hypocrisie des conventions sociales et les faiblesses des élites de l’époque. Ils étaient bien sensibles à cette réalité. Ils me manquent subitement et j’ai  une grosse boule dans le plexus cenntral...Trêve de sensiblerie...Je reprend mon rôle


Un chemin de 7 kl longe le lac et permet d’en faire le tour en passant devant plusieurs sites de la ville dont le magnifique jardin fleurie d’hortensias, de fushias et d’orchidées. Il réunie de plus toutes les espèces végétales de Dalat ainsi que quelques topiaires massifs sculptés d’un kitsch assez délirant. Le marché central se situe dans un creux et constitue un point de repère important au centre de la ville. C’est un des plus beaux marchés que nos maîtres ont visités. Y sont mis en valeur des fruits et des légumes variés qui titillent l’œil par la diversité de leur couleur et de leur forme. Tous les sens sont exploités disaient-ils. Les odeurs se succèdent et se confondent. La visite mérite son pesant d’or. Il semble que Dalat soit la cité de l’éternel printemps. La température y est clémente et propice pour toutes activités faites à pied, à vélo ou à moto. Tout compte fait, j’estime qu’y séjourner quelques heures de plus devrait s’avérer fort agréable, dans la mesure ou je pourrai rejoindre rapidement celle qui doit cruellement s’inquiéter de mon sort.

 

La nuit tombe sur Dalat. On me sépare du groupe malaisien pour m’isoler dans une armoire sombre. Que va-t-il m’arriver ? Je me llaisse gagner par quelques  pensées sombres. Tout mon beau monde me manque, mes congénères sont trop loin.  Pour les retrouver, il me faudra  retourner à Saigon, rejoindre Chan Do en traversant le Delta du Mékong. Quel défi… Pourquoi m’apitoyer sur mon sort ? Une piste de solution a certainement été trouvée. Tout devrait se dérouler sans encombre.

 

Je m’endors en ...chantant une chanson  douce que me chantait ma maman.… en suçnt mon pouce j'écoutais bien tendrement... et en espérant un lendemain plus joyeux.


Durant la  nuit, je rêve sans arrêt. Les miens vivent de merveilleux moments. Ils naviguent sur les canaux du Mékong, visitent des marchés flottants et des plantations de fruits,  glissent à l’ombre des cocotiers d’eau, descendent la rivière Bassac ,visitent une ferme de crocodiles. Impressionnants moments. Les heures  filent sans contrainte, marquées par la beauté des lieux. Un contexte  qui semble adoucir l’appréhension suscitée par l’absence d’un de leur baluchon. La dernière journée de croisière sur le Mékong semble vouloir se terminer autour d’une table d’un restaurant typiquement vietnamien. Je m’éveille quelques secondes mais il fait toujours noir dans mon cagibit. Je sombre à nouveau dans le sommeil et retrouve rapidement le fil de mon rêve. C’est la fin du repas…une récalcitrante voyageuse fait son entrée en plein restaurant soulevée par un porteur souriant…C’est le délire…Elle est acclamée par des cris et des soupirs de satisfaction à la grande  surprise des clients qui questionnent les réactions.

 

Quel beau et bon rêve. Je m’éveille sourire aux fermetures, prête à reprendre le chemin du retour.  J’ai peut-être  raté les trois premières journées du séjour Ho Chi Min, Can Tho, Chan Do- Phnom Penh- mais tout semble vouloir se terminer de elle façon puisqu’on me transfère au petit matin dans un convoi en direction de Saigon… Vraiment ce trajet je le connais par cœur...

 

Après plusieurs heures de transport, je retrouve toute la compagnie mais surtout et… enfin Marie. Comme dans mon rêve son sourire en dit long. Elle semble  très soulagée et  tellement heureuse de me revoir pleine et surtout intacte. Foi de valise, ses réactions et son bonheur me touchent…et…j’ai le profond  sentiment que dorénavant, mes aller et venues se feront sous très haute surveillance.

 

Marie    

Janvier  2009




10/03/2009
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